Hier, grosse journée
Dégustation au bureau avec Cécile, Caroline, Catherine et Gilles :
1 /Un Bordeaux Supérieur amené par une collègue employée dans un négoce ami : il s’agit du vin de son frère, hélas pas à notre goût. Vin moyen, dilué, manquant de charme, de maturité, ne correspondant pas du tout à notre gamme, que je définirai comme plus « moderne ».
2/ Une série de vins du Médoc 1999-2000-2001, vinifiés par un pied-noir qui vinifie des raisins très très mûrs, ce qui fait que ses vins sont un peu « décadents », très souples, un peu usés, dans un style ancien mais qui peut correspondre, selon moi, à une clientèle qui n’aime pas les vins jeunes, ni trop noir, ni trop extraits. Je dois dire qu’ils n’ont satisfait que moi, mais j’ai un peu plus de recul quant au goût de nos clients.
3/ La gamme envoyée par un négociant du sud, ami de Thomas Duroux. Les 6 vins sont et correspondent à un goût et un style qui signe fortement ce négoce-éleveur à la Bourguignonne.
Belle présentation, style chic « australien ». Ces bouteilles ne m’ont été envoyées que pour faire connaissance, et en tout cas, c’est très différent de ce que j’achète et que je fais avec entre autres Jean Roger Calvet et ses amis de Maury.
A midi , Rémi Dalmasso mon maître de chai-œnologue et moi même, étions invités à déjeuner par un de nos fournisseurs de barriques, dont je suis content : il s’agit de Radoux. Je suis content d’avoir insisté pour manger à Plaisance : le repas à 32 euros était tout simplement remarquable, avec un Cornas 1999 de chez Tardieu-Laurent. Ma foi, notre métier est des plus agréable ! Surtout qu’à côté de nous, un producteur de Champagne, Henri Giraud, nous a fait découvrir son 1996 élevé en fûts de chêne, tout à fait mûr et en tout cas pas oxydatif et vraiment bon.
L’après-midi, 1ère dégustation avec Rémi et Jean Philippe Fort pour notre 1er assemblage de 2004 avant mise et 2005 avant présentation au négoce et aux journalistes.
Hier le temps, ou mon cœur, était optimiste. Je crois que pour ce qui est du millésime 2004, Patrick Essa, Hervé Bizeul et Bernard Burtschy ont raison : Valandraud 2004 est en train de perdre son austère gangue tannique pour se civiliser chaque semaine un peu plus et devenir une bombe avec bien sûr pour lui la nécessité d’être goûté après quelques années.
Pour le 2005, vous le savez depuis le début, tout Bordeaux a réussi, et c’est bien, très bien, incroyable, mais c’est une autre histoire. Je ne sais pas si nous serons dans les tout-premiers puisque je n’ai pas encore goûté la centaine de vins qui comptent à Bordeaux, et si j’en crois les pronostics des uns et des autres, les 5 étoiles, les 18/20 et les 95 points vont être distribués à foison.
Ensuite, avec quelques collègues, visite et dégustation à Beauséjour Duffau où nous avons refait la dégustation de la RVF, et si 2002 était conforme à son statut et au goût du millésime, les bouteilles de 2000 ne m’ont pas été trop satisfaisantes, et je voudrai bien en re-goûter une autre pour voir. Pour ce qui concerne le 1995 , alors là, je ne comprend pas la RVF ! Nous n’avons pas goûté le même vin ou la bouteille avait un problème, car je pense que 1995 est remarquable et l’un des grands vins du millésime. Et Jean Michel Dubos me dit que le 1998 est supérieur, donc je pense qu’il serait intéressant pour le château et le RVF de re-goûter les10, 20, 30 ou 40 derniers millésimes de Beauséjour Duffau. Mais en tout cas, je peux vous dire que leur 2005 sera l’un de mes favoris pour le titre de meilleur vin de cette grande année.
Pour finir, le soir avec Murielle, qui elle n’avait rien bu de tout ça, j’ai ouvert une demi-bouteille de Croix de Labrie 1999 , bien mûr, bien noir, bien complet. Ce vin était simplement là pour exorciser les commentaires faits l’après midi par un des professionnels sur « ces vins noirs qui ne correspondent pas à Saint Emilion, de goût trop américain, trop body-buildés, qui ne tiennent pas leur promesses, patati patata…. Je défends mon goût et celui du voisin n’est pas le bon, il n’y connaît rien, moi je suis un grand professionnel et les autres devraient rester à leur place, travailler ne sert à rien, hériter c’est mieux… Mais que diable venez vous faire là ? Laissez nous entre nous, entre gens de bonne compagnie… »
Et bien moi, je suis un démocrate, j’aime la diversité et je peux aimer l’élégance d’un mannequin et les formes épanouies d’une belle inconnue.
C’est la vie.