En cette période d’avant dégustations primeurs et mises en marché des Bordeaux2013, le millésime si mauvais au point de vue du climat donne à l’arrivée un éventail d’échecs et de réussites, réussites à mettre bien entendu entre parenthèses, il ne s’agit pas d’avoir réalisé un 2010 , mais un bon vin du point de vue de son géniteur-propriétaire responsable et aussi du point de vue des critiques, des importateurs, distributeurs et clients.
Alors, quoi penser des propriétés qui déclassent toute leur récolte, suivant en cela l’avis du responsable, gérant, propriétaire, voire consultant ? tout d’abord chacun voit midi à sa porte, n’ayant pas vu, ni participé, ni étant concerné, mon avis est celui de mes positions en tant que consultant, négociant et propriétaire, et donc, pour moi, pas de déclassement, jamais, si possible parce que si j’ai aimé les grands vins avant de faire partie de ce monde, j’ai aimé les grands vins grâce aux petits millésimes et que qunad je dis petits, je pourrais dire grâce à ces mauvais millésimes vendus peu chers (à l’époque), ces 1973, 1974 de Mouton Rothschild, Cheval Blanc, Ausone, Figeac, les 80 Pétrus, les 87 Clos Fourtet, enfin tout plein de ces vins qui, bus à table, souvent à l’aveugle, nous ont régalés. Michel, Philippe, Murielle peuvent en témoigner. Alors, tout déclasser, n’est ce pas un peu trop définitif ? Quel amateur se plaindrait de boire ces 1ers crus, ces grands crus connus moins réussis, s’ils sont vendus à leur juste prix ?
N’y a-t-il pas également la possibilité du 2ème vin qui a été fait pour ça et dans les crus les plus célèbres un 3ème vin ? (le Saint Emilion de Cheval Blanc, le Pauillac de Latour, notre 3 de Valandraud ?)
Je n’ai pas assez de stocks de mes 3èmes vins, quasi en rupture permanente, le ratio prix-qualité est donc largement accepté !
N’y a-t-il pas un peu trop d’orgueil à vouloir dépasser les conditions du millésime, nous sommes à Bordeaux, capables de faire bon même dans des millésimes mauvais. La preuve : les vins réalisés par nous cette année, vous pourrez goûter bientôt Fleur Cardinale, Sansonnet, Vieille Cure, Valandraud, aussi bons qu’il est possible et bien sûr, nous avons plus de 2ème ou 3ème vin….Et alors ? C’est notre problème.
Les options prises ici ou là ne concernent que ceux qui les ont prises; j’aime bien le commentaire d’Olivier Bernard, l’actuel patron de l’UGC : 2013 millésime jaloux !
Pour finir, je voudrai rappeler que dans le souvenir des très bonnes bouteilles bues avec mes amis dans les années 80, Château Latour 1958 était tout simplement incroyable, supérieur en plaisir à bien des millésimes réussis.
Latour à Pomerol 1967, quel délice, acheté à petit prix à l’Intendant Moueix, nous en avons bu des caisses, et c'est encore le souvenir de ces Latour à Pomerol nous fait aimer ce cru.
Vive les petits millésimes à Bordeaux….puisque de toute façon, on ne peut pas faire autrement