Iris, c’est assez paradoxal mais le vin semble être la grande affaire des hommes, et donc pas question d’en faire un chose simple et compréhensible pour les femmes. Pour ce qui est de la gent féminine, justement, c’est un tout autre monde et je crois que les hommes n’ont pas l’outrecuidance de se déclarer compétents en la matière… Le vin leur suffit donc.
Olivier, je ne connais pas bien le vins cités, mais j’ai quelques pistes pour expliquer vos déceptions :
1/ une des causes responsable d’un vieillissement prématuré, s’agissant d’actes commis sans intention de tromper, bien entendu : le fantasme du soufre. Je ne mets pas de soufre, c’est meilleur pour mon vin, plus naturel, hélas ça n’a pas que des effets positifs. On a une chance au grattage et une chance au tirage d’avoir des bretts qui sèchent les vins par dégradation des sucres restants et/ou des glycérols. Donc, en plus d’avoir plus ou moins des mauvaises odeurs d’écurie, on a des vins qui prennent une couleur et un goût de vieux, « sec ».
2/ les non-soutirages compris seulement sous l’angle « Ayatollah »
Le pinot en Bourgogne et les grenaches dans le Sud n’aiment pas trop l’oxygène, mais ailleurs les cabernets ou les merlots ne sont pas trop contre et même si peut être les vins se fatiguent et se goûtent moins bien au « mois de mars » grâce à l’oxygène apporté par les barriques et les soutirages, ils sont plus résistants au temps (méthode bordelaise ancienne). En clair, et je suis un rare « moderniste » à penser comme cela : s’il faut protéger à ce point le vin de l’oxygène, dont on a peur de l’effet produit sur notre vin, peut-être vaudrait-il mieux annoncer la couleur. C’est à dire, faire du vin primeur ou au moins mettre un mouchard sur la bouteille pour tracer les conditions de stockage et la température, qui ont bien sûr de l’influence sur ces relations oxygène – vieillissement du vin. Donc, en tout cas, un peu d’incompétence, un peu d’apprentissage, un peu de ratage… à vouloir trop bien faire, on arrive à des vins qui ne tiennent pas la route, ou moins bien ; Cela dit, je parle, je parle, mais bien sûr à moi aussi ça m’est arrivé, mais jamais dans des proportions qui appellent un « hors-jeu ».
3/ Les grands vins rouges en Aquitaine sont faits avec des rendements contrôlés par pieds. Certains des vins en question sont produits avec des densités de plantation trop basses ( moins de 3000 pieds/hectare). Pour être cohérente, la production de grands vins devrait dans ce cas être à moins de 15 hl/ha, ce qui est rarement accepté par les propriétaires, tout aussi ambitieux soient-ils.
4/ Les seconds vins ( à part quelques exceptions dont Virginie de Valandraud, qui depuis 1997 n’est pas un 2ème vin mais une sélection de parcelles de grands vins), n’ont pas pour vocation à être bu tard : le fruit avec le boisé apparent est souvent leur meilleur atout. La justification d’un deuxième vin étant, ne l’oublions pas, l’argent : comment rentabiliser au mieux ce qui reste ( le boucher, lui, fait du steak haché)
5/ Pour les liquoreux, je ne suis pas du tout compétent.
6/ Un vin trop boisé peut être une erreur. J’aimerai goûter, car attention aux élevages très long en barriques américaines qui typent fortement les vins .
7/ Bien sûr, des sucres résiduels sur des vins rouges, s’ils sont non fermentissibles, rendent ces vins souvent plus agréables (d’ailleurs aime-t-on vraiment les vins secs ?). Mais, parfois, ces sucres gardés de manière volontaire ou non, se remettent à fermenter avec tout ce que cela implique de défauts perceptibles à la dégustation , plus bien sûr là aussi, brett et cie.
En conclusion, et pour répondre à Patrick, pour moi pas de vrai problème en ce qui concerne ces vins qui « déçoivent » s’il s’agit d’erreurs, de désir de trop bien faire. Si c’est après tout défendu avec cœur et puis il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. J’aime vraiment l’espèce humaine et je trouve toujours beaucoup d’excuses à ceux qui font. Là où je n’aime pas trop, c’est quand le producteur d’un cru essaye de me prendre pour un con (moi, les journalistes, les clients..). C’est-à-dire celui qui fait un échantillon BON et qui met un vin pas bon à l’arrivée, celui-là est à mon avis, un imbécile. S’il sait comment faire bon, pourquoi se limiter à un échantillon ? Croit-il que la notoriété de Lynch Bages, Haut Marbuzet, Sociando est arrivé comme ça ? Non. Ce sont les clients qui ont le dernier mot. Un vin peut (et doit ?) être polémique, il ne doit pas être fumisterie.