Jean-Luc Thunevin

A l’heure où on parle beaucoup de traçabilité, de qualité, des produits et résidus chimiques dans notre alimentation, d’écologie, il me paraît évident  que tout ceci mérite de faire des progrès si l’on veut continuer à avoir des clients, mais que le principal reste à faire :

Raisins mûrs, chai propre sans TCA et autres saloperies, bons bouchons.

Même si les résidus chimiques sont encore trop importants dans toute la chaîne alimentaire, rien ne doit occulter le fait que le plus grand danger dans le vin, c’est alcool et que même si l’on est bio, rien n’empêche le bio de livrer des vins des défauts.
Chaque chapelle a ses excès, le tout est de croire à l’amélioration permanente dans tous les circuits alimentaires, et la preuve en est dans nos pays  l’augmentation permanente de notre espérance de vivre plus longtemps et mieux aujourd’hui qu’hier où pourtant la nostalgie nous ferait croire que tout y était merveilleux.

Si vous ne l’avez pas déjà vu sur le forum de Mark Squire, voici un comparatif de la moyenne des notes du GJE vs les notes de Robert Parker :

“By averaging WA points scores for each year 1998-2004 the following is how they would compare with the GJE rank numbers from the second list.



1 GJE Ausone 1 RP

16 GJE Lafite Rothschild 2 RP

1 GJE Pavie 3 RP

19 GJE Latour 4 RP

>102 GJE Petrus 5RP

18 GJE Margaux 6 RP

3 GJE La Mondotte 7 RP

10 GJE Pavie Decesse 8 RP

27 GJE LLC 9 RP

55 GJE Haut Brion 10 RP

13 GJE Mouton Rothschild 11 RP

5 GJE Pape Clement 12 RP

25GJE Mission Haut Brion 13 RP

7 GJE Angélus 14 RP

15 GJE Cheval Blanc 15 RP

8 GJE Monbousquet 16 RP

6 GJE Valandraud 17 RP

35 GJE Quinault L'Enclos 18 RP

14 GJE Canon-La-Gaffeliere 19 RP

11 GJE Tertre Roteboeuf 20 RP

12 GJE Bon Pasteur 21 RP

9 GJE Beau-Sejour-Becot 22 RP

17 GJE Reignac 23 RP

3 GJE Haut Condissas 24 RP”

Que va-t-il se passer maintenant pour les mises en marché primeur des Bordeaux 2007 ? On attend la « sortie » des premiers châteaux, le mot sortie étant prononcé  à la manière d’un chasseur prêt à tirer ce gibier qui sort du bois, et non comme la sortie du dimanche en bel habit et belle voiture pour aller manger au bon restaurant sérieux du coin.

Quel prix ? Les mêmes que les 2006 ? moins chers ? de combien ? – 10% , -20 % par rapport à 2006 ?

Est ce le prix qui fera l’accord entre le vendeur et l’acheteur, faudra-t-il mettre en marché son vin en avril-mai ou en juin-juillet, voire ne pas sortir en primeur et faire payer à la livraison ?

En tout cas voilà plein de questions que de nombreux collègues propriétaires doivent se poser, que mes collègues négociants se posent également, et moi aussi avec mes multiples casquettes.

 Bon, il n’y a pas que le vin dans la vie… Notre 2^ème coq, le vieux Fifi, Bantam de Pékin, âgé de plus de 12 ans a été tué et mangé avec 2 poules (la blanche et la noire), dans la nuit de vendredi à samedi. La porte du poulailler était restée ouverte et le prédateur n’a eu qu’à se servir. Il nous reste 2 poules et Murielle ne veut plus que cela se reproduise, tant il est vrai que ces animaux domestiques faisaient partie de notre vie, au même titre que nos chats et notre chien.

 La vie continue : Steve Tanzer est revenu samedi à L’Essentiel pour goûter une série de vins 2005-2006-2007. Résultat des dégustations de ce critique très respecté aux USA bientôt sur son site.

Sur le forum de Mark Squire sur le site de Parker, les classements sur plusieurs années réalisés par le Grand Jury Européen font débat, car contrairement à ce que l’on croit aux USA comme en France, en Angleterre ou ailleurs, il y a aussi des traditionalistes qui n’admettent pas que l’ordre établi 1855 soit contesté.
Surprenant quand on sait, même à l’intérieur de ce classement, et depuis belle lurette, que la place de Palmer , Lynch Bages (pour ne citer que c’est 2 crus) est bien au dessus de leur classement 1855 pour les propriétaires bien sûr, mais aussi les clients, les professionnels… Si ce classement était revu aujourd’hui en utilisant simplement les mêmes critères qu’en 1855,  il y aurait bien des changements….Et si  on étendait ce classement à la rive droite ? Oh, le chambardement !

Mais voilà, il y aura encore et toujours,  ceux qui ont peur des changements et les autres - un peu plus curieux, et l’intéressant dans cette histoire sans fin, c’est que même sur le site de Parker il y a encore cette lutte des anciens et des modernes.

Corton Charlemagne 1994 de Leroy – Top

Interdit de Valandraud 2000 – Trop jeune

Grange Ermitage 1975 – Je veux bien en reboire ce soir

Essensia 1999 de Pajzos : j’adore le sucre et le miel…alors là, je suis gâté

Pontet Canet  2003 sans doute superbe mais bouchonné

Sinon, la journée à La Dominique : calme le matin, un peu plus animée à table à midi et l’après midi superbe fréquentation : pas loin de 20 critiques dont certains rencontrés pour la première fois.

 Merci à notre voisin Cheval Blanc qui les recevait juste avant.

Si je comprends les précisions de Philippe, j’ai plus de mal avec le commentaire de Jaime Marfish.

Jaime Marfish (drôle d’adresse web ! petit rappel : j’accepte les pseudos sur mon blog – tant que cela reste correct), affirme qu’il est bien connu que la barrique Parker a largement été utilisée et qu’elle a encore un bel avenir, voilà !

Des noms, Jaime, des noms s’il vous plait !  Juste pour voir si vos affirmations tiennent la route …

Tel le monstre du Loch Ness, Parker est supposé avoir un goût très particulier , américain, et bien sûr inapte à comprendre la subtilité : pour les anti Parker, c’est chose acquise.

En effet, s’il est certain que Parker influence quelques producteurs, comme le Michelin influence quelques restaurants, Parker n’est responsable que de sons succès, et ceux qui, à la propriété, se laissent influencer par son goût pour faire du vin, ne le font que pour avoir du succès commercialement (moi y compris). La seule  certitude, c’est que j’ai eu le goût des vins « Parker » avant de faire du vin et de passer de l’autre côté, j’avais aussi le goût Luxey, le goût Bettane, le goût Burtschy, le goût Quarin, le goût Jancis Robinson, le goût Tanzer, le goût…., le goût…., le goût à peu près homogène de tous les critiques et amateurs, et excusez nous de ne pas avoir, moi comme pas mal de mes collègues vignerons, de goût pour le : pas net, pas mûr, végétal,  dilué, TCA.

De plus il  n’est pas anormal que de vouloir plaire aux clients. Parker n’étant qu’un accélérateur, facilitateur pour faire connaître des vins.

La barrique Parker serait en tous cas bienvenue chez moi, qui me flatte d’aimer les vins Parker, pour que celui-ci me donne  enfin à moi aussi de manière régulière mes 100 points désirés et mérités !

Je veux bien investir toute ma petite fortune dans ce tonnelier qui, comme à Lourdes, permettrai de faire des miracles au vin élevé dans ces barriques Parker et ferait  que le vin aurait les faveurs du gourou et des autres médias. Pourquoi la barrique plutôt que les barriques ? Le prix investi dans ces barriques serait largement remboursé, non ?

Vive les fantasmes ! Moi aussi j’ai du coucher pour arriver, il n’y a pas que les artistes qui y soient obligés ! Mais bon, il faut aussi avoir un peu de talent, sinon ça ne marche pas.

Ainsi va la vie, et puis surtout il faut bien penser que  chacun est libre d’avoir un avis différent dans nos démocraties. Si, si…

Il en va de la manière de gérer nos vies, comme celle de faire nos vins : on fait du mieux qu’on peut, et de toute façon, ça se termine toujours mal, alors autant vivre sa vie avec optimisme.