J’avais écrit il y a quelques mois que le nouveau classement de Saint Emilion n’intéressait personne et que j’étais étonné du peu d’intérêt montré par les amateurs et les journalistes à ce sujet. Depuis les choses ont bien, beaucoup changé.
Après Sud Ouest qui a écrit sur quelques propriétés, avec entre autres Bellefont-Belcier, Fleur Cardinale et Valandraud, c’est au tour de la Revue des Vins de France de paraître avec un titre accusateur : « Saint Emilion 2006, bataille autour d’un classement ». J’espère que la RVF ne va pas se mettre elle aussi à sortir des titres à la Marianne… En effet, en couverture également : « Révélation : nos grands vins sont ils trop alcoolisés ? »
Bon, en tout cas Decanter a envoyé dans la même journée 2 journalistes : 1 pour la revue papier et l’autre pour le site internet.
Donc le classement commence vraiment à être commenté et chaque propriétaire, négociant, courtier, amateur, journaliste a quelques chose à dire. Et tant mieux !
Sauf que de bataille il n’y a pas, en tout cas pas encore. La commission fait son boulot très discrètement et à aujourd’hui aucun bruit de couloir, aucune fuite. Bravo.
Mais pourquoi donc suis – je encore en train de parler de ce foutu classement ? Eh bien, parce que je suis concerné à plusieurs titres. Avec Valandraud, bien sûr, mais aussi avec ma boite de négoce. Par exemple, actuellement, un gros distributeur européen cherche l’exclusivité d’un grand cru classé de Saint Emilion, « bon, pas trop cher et avec un peu de notoriété. »
Cette demande frappe d’entrée 3 fois là où ça fait mal : « un peu de notoriété » ?
Comment ? Tous les grands crus classés n’ont ils pas « un peu de notoriété » ? (à quoi sert le classement sinon ?). « Un bon prix », est –ce possible si ce vin a de la notoriété ? « Bon », fallait-il le préciser ? C’est un minimum pour un cru classé, sinon à la trappe ! Déclassé, le mauvais !
Revenons à la RVF qui a fait son propre classement avec quelques bizarreries dans sa logique (et une coquille dans sa compo). Par exemple, elle classe Tertre Roteboeuf et La Mondotte en 1er mais je crois que le premier n’a rien demandé et que le second n’a pas voulu , dès sa création, mettre La Mondotte en grand cru, minimum nécessaire pour postuler.
Pour le reste, ils ne classent que Troplong Mondot et Pavie Macquin en 1er Grand Cru Classé B, et personne en A. Ce qui laisse pour moi une surprise de taille : ni Angélus, ni Pavie n’ont de flèche ascendante (signifiant en progrès depuis le classement officiel de 1996)
Aucune rétrogradation dans les Grands Crus Classés B, sauf Beauséjour Duffau Lagarosse, qui n’est sûrement pas celui que j’aurai cité.
Dans les possibles Grands Crus Classés, je remarque l’absence de Barde Haut, et le manque de commentaires sur pas mal de crus classés dont on ne sait si il faut les garder ou les rétrograder (exemple simple avec les 2 Tour du Pin Figeac).
Pour ce qui est des déclassements, je suis très surpris de voir cités des vins que j’aime bien, c’est pour le moins discutable si l’on peut penser que d’autres auraient pu également faire partie du lot.
En bons grands crus classés qui méritent leur place, au moins virtuelle : La Clotte, La Dominique, Grand Pontet, Faurie de Souchard, Dassault, Laroze, etc… Les autres, je les goûte moins, mais je ne serais pas étonné qu’ils soient bien meilleurs (pour certains) qu’un ou deux 1ers Grand Crus Classés B.
Que penser alors de cet article ? Eh bien, qu’il me fait parler et donner un avis moins « langue de bois ».
Quoi qu’il en soit, le résultat sera communiqué avant septembre, selon la promesse de la commission, et peut-être même dès mai ou juin.