Réflexion formulée plusieurs fois lors de discussions avec mes amis du Roussillon, Hervé Bizeul, Claude Gros, ou mes associés Marie et Jean-Roger Calvet : comment se fait il que tant de professionnels dits confirmés, critiques auto-proclamés, journalistes reconnus, grands amateurs, acheteurs, soient si sensibles aux discours convenus de l’époque, de l’air du temps, si perméables à l’autosuggestion, et que si peu aient la curiosité de visiter les vignobles, au moins durant ou avant les vendanges.
On nous bassine avec le terroir, sans la curiosité ou l’envie d’y aller voir, d’y marcher, d’y regarder vivre la vigne et les gens qui y travaillent. C’est sûr, c’est pas facile, ni rapide, ni confortable. Dehors, il peut y avoir trop de vent, de soleil, et même de la pluie. Et je ne parle pas des insectes, des ronces et de ces peurs ressenties devant des paysages si sauvages ou travaillés, mais qui sont si loin du confort des beaux châteaux, des belles tables de dégustation, des syndicats prévenants ou des plaisirs de la brosse à reluire, même pour une ligne dans le journal local.
En effet chez moi, chez eux, peu très peu de curiosité pour les terroirs, la vignes et ses raisins qui plus qu’un bla bla, peuvent apprendre à celui qui sait lire la, les vérités du propriétaire ou du consultant qui se la raconte écolo avec des trémolos dans la voix et du désherbant plein les champs, le respectueux du recyclage qui vide ses effluents dans les fossés, du bio dynamiste qui n’offre pas des conditions de travail dignes à ses employés et qui pourra, sans sourciller, de plaindre d’être incompris alors que son chai pue les TCA et autres saloperies. Et je ne parle pas de ceux qui arrivent à faire des vins délicieux, clairs et transparents avec des raisins pourris, des vignes où l’oïdium et les vignes manquantes parce que mortes et pas remplacées sont les signes évidents de ratage.
Pourquoi confondre les vrais bio, les bons bio dynamistes, les bons vins faits dans le style des vins de soif à petit prix avec ces vins souvent brett, souvent acides ou avec ces vins dits de soif (qu’est ce que cela veut dire à 30 euro?) pour qui le temps est l’ennemi – 5 minutes dans le verre et c’est foutu.
Pourquoi cet air du temps nous parait si propice à tout ce qui serait de l’anti Parker, de l’anti vin trop travaillé, mot à la mode lui aussi qui sous-entend que le vin est d’origine divine.
Ce courant est-il la réponse à la crise de société actuelle et à ses comportements ? Une réponse aux angoisses existentialistes ? Des excuses à trouver pour boire un bon coup de vin avec alcool dans ce monde si terrible à vivre, où le principe de précaution envahit tout et nous empêche d’avoir du bon sens.
A propos de bon sens, 2009 à l’air de vouloir nous offrir un grand millésime. Jean Marc Quarin y fait déjà quelques comparaisons avec le 2005, nous le saurons d’ici 1 mois.
En attendant, hier, en faisant le tour des vignes de Pomerol et Saint Emilion, je peux dire que j’ai rarement vu aussi beau.
La Commanderie de Mazeyres et Prieurs de la Commanderie sont dans un état esthétique qui n’a pas du être vu dans ces 2 propriétés depuis longtemps, voir ces vignes si belles, ces raisins si beaux est un vrai bonheur pour ce vignoble avec qui il faudra compter à Pomerol.
Vive la Rive Droite et ses raisins alignés, noirs comme des mûres er déjà si doux à goûter.
A Maury, Marie et Jean Roger Calvet ont commencé les vendanges par les premières cuvées de blanc et de rosé, destinées à faire des vins « de soif » pour les boutiques (ce qui veut dire pas trop chers)
Une bonne bouteille d’Hugo 2005, bien trop jeune, bue hier soir à la maison était notre manière à nous d’y participer.