Michel Bettane et François Mauss sont intervenus sur mon blog pour réagir à mon billet d’humeur (maussade) « politiquement incorrect ». Ils ne sont pas les seuls à me lire et de retour du Japon, en bien meilleure forme - et physique - et morale, je vais essayer d’affiner et d’expliquer mes propos.
Je vais encore décevoir Patrick Essa ou d’autres de mes amis, mais hélas (ou tant pis), les journalistes et moi, c’est plutôt une belle histoire d’amour.
En effet, sans eux, je ne serai rien.
Qui m’a fait « roitelet » dans ce microcosme du vin, si ce n’est Michel Bettane en premier avec ses coups de cœur à répétition dans les années 90 lors de spéciaux primeurs de la Revue du Vin de France, et ensuite Robert Parker et même Jean Marc Quarin à ses débuts. Le journal Brutus au Japon avait eu un effet considérable un peu après et à côté des journalistes – critiques, les autres médias ont créé un buzz autour de Valandraud, vin de garage. Le magazine L’Express avait fait exploser la notoriété de mon histoire, et la télévision avec TFI, France 2 et même M6 avait fait de Valandraud un cru « incontournable », égal ou supérieur même à des icônes bien bien établies qui, à l’époque, dormaient un peu (voire beaucoup).
Ceci précisé en sachant bien que l’on ne mord pas la main qui nous nourrit, que la reconnaissance est la moindre des choses et tous ces sentiments de gratitude que je peux et dois avoir envers ceux qui m’ont « fait ». N’ai-je pas moi aussi (moi si souvent jugé) le droit de donner mon avis sur mes juges, même si c’est sous le coup d’une déprime !?
Quand les nouveaux critiques de la RVF ignorent nos vins dans le Roussillon cette année, quand dans la RVF encore, je lis « facile d’approche » pour Valandraud et quand je vois l’évolution du goût de Dupont qui, malgré sa connaissance de Valandraud, peut écrire dans Le Point « vin puissant dont on ne sait comment il va évoluer » (lui qui a pu goûter mes vins à l’aveugle sur plusieurs millésimes). Il est certain que tous ne goûtent pas de la même manière et tous font marcher leur cerveau avec des jugements préconçus du style « tu fais partie de cette famille de parvenus et je n’aime pas… » « tu es un cru historique et j’aime ta classe et ton élégance » … !
Bien sûr Michel, que je me défoulais en écrivant sur les critiques. Mais, Michel, je ne peux pas accepter comme argent comptant et par là même renier ce que je suis quand tu écris « les grands terroirs nouveaux, il n’y en a guère : comment n’as-tu pas vu la carte géologique – certes un peu confidentielle- sur Saint Emilion où le secteur de Saint Etienne de Lisse est plutôt très gâté, bien mieux que celui de quelques premiers 1855 !
Comment ne peux-tu pas croire dans le Roussillon où toute une foule de jeunes talents, dans tous les styles, fait exploser cette région et j’attends d’ailleurs avec impatience les prochains coups de cœur du Wine Advocate (et on dira encore Parker !)
Comment ne pas penser qu’en Grèce, en Turquie, au Chili ou rien qu’en Espagne où par exemple Torro est en train d’exploser, etc… Je serai toujours aussi « jeune » et curieux et toujours aussi prêt à croire en un monde non figé (et toi aussi…) Il existe sans aucun doute une multitude de terroirs à exploiter, à découvrir…
Pourquoi n’as-tu pas lu mes vraies questions ? : Pourquoi si peu de déplacements dans les propriétés ? Pourquoi si peu des vérifications et de dégustations à l’aveugle (ou non) de vins à 5/10/15 ans comme nos client le font , eux ?
Pourquoi accepter de donner du vin à un critique pour recevoir une mauvaise note tous les ans ?
Pourquoi tant de journalistes sont ils si consensuels ? Regarde les tableaux de Bertrand Le Guern !
Bien entendu, rien ne vaut la bonne note de Parker et le travail sur le terrain réalisé par des commerçants motivés.
Je cherchais une conclusion et en revenant au bureau, Ludo Martin me parle de mon blog et de ce sujet en particulier. Il me dit pourquoi n’existe –t-il pas pour le vin ce qui existe pour les restaurants avec le Michelin ? Les clients, les distributeurs trouvent bon un vin, le signalent au média « Michelin du vin », celui-ci se procure ce vin pour le faire goûter et se déplace après pour une 2ème vérification et l’on obtient ce qui est si difficile aujourd’hui : un média de référence pour les grands vins (3 étoiles) et les autres (BIB ?). Le travail réalisé gratuitement par les amateurs au service du plus grand nombre par le biais de la vérification de professionnels rétribués et indépendants.
En attendant, Jeff Leve est à Bordeaux et fait le tour de beaucoup, beaucoup de propriétés ( et de leurs tables !)