Lu sur le forum de La Passion du Vin : « …Bad Boy de Thunevin, qui pour moi est l'archétype du Bordeaux vulgaire … » . Mais qui est donc ce mauvais garçon qui se proclame maître des élégances ? Qu’a-t-il fait ou fera de sa vie ?
Sur ce même forum, un jeune ( « caneton ») amateur dit du bien de Bad Boy 2006 (il goûte très bien) et se fait taper sur les doigts fort pour cela, et pour avoir dit qu’il a bien aimé Gloria 1999 qu’il a assimilé au « goût des grands vins ».
Bien sûr, les mots « grands vins » ne sont réservés qu’à ceux qui savent et le tout nouvel amateur ne doit pas écrire de tels propos sans avoir un peu de bouteille.
La culture doit être réservée à ceux qui sont cultivés, comme le jugement a ceux qui sont juges et le goût de terroir à ceux qui en sont dignes.
Gloria, propriété d’un ami n’a pas besoin de moi pour être défendue, mais Bad Boy 2006 si.
Fait par Guillaume Quéron et mes employés dans des propriétés dont je suis fermier ou responsable, assemblage de 3 terroirs différents dont 2 très très grands en rive droite. Mais c’est vrai que je n’y connais rien : un à Génissac, l’autre à Fronsac (vieilles vignes sur sol argilo calcaire), et ce, avec un tout petit peu de Bordeaux fait à Pomerol.
Sans doute que ce vin n’a pas pour vocation de plaire à tout le monde, mais ce n’est pas une raison pour en dégouter ce jeune amateur-client qui aura le temps de devenir plus exigeant et plus critique avec l’expérience et peut être de bonnes bouteilles achetées à de bons vignerons qui respectent la vigne et capables de proposer une identité à leur produit !
J’ai peur, très peur de ces jugements si sévères concernant le vin, ceux qui l’apprécient et ceux qui le font. Et heureusement que de tels propos sont adoucis par « du moins, c’est mon avis », car sinon, comment pourrais-je continuer ? moi si mauvais propriétaire ? vigneron ? négociant ? alchimiste ? fumiste ? ….continuer à polluer le goût de ces jeunes incultes genre « caneton » et attirer ainsi les foudres de Zapata (qui écrit beaucoup et pourtant pas que des conneries)
C’est vrai que je le signe de mon nom, ce Bad Boy 2006, même si je ne prétends pas faire que ce vin soit indiscutable. J’essaie de faire du mieux possible pour un prix consommateur de 15 euro TTC, avec du volume (2005 : 40 000 bouteilles, 2006 : 60 000 bouteilles, 2007 et 2008 en élevage : 100 000 bouteilles)
C’est vrai aussi qu’il plaît à pas mal de monde puisqu’il se vend bien, du caviste à la VPC et même en grandes surfaces.
C’est vrai qu’il se vend aussi bien en France qu’aux Etats-Unis, qu’au Japon, etc…
C’est vrai qu’il reçoit, ce vin, des commentaires plutôt bons de critiques reconnus comme Thierry Desseauve, le Wine Spectator (91/100) ou le Wine Advocate (88/100).
C’est vrai que ce vin est 100% merlot, mûr, noir, concentré, barrique française neuve, rendement trop bas pour être assez élégant au goût des gens cultivés capables d’apprécier seulement un style de vin. Comme si boire Cheval Blanc interdisait de boire Valandraud, ou si aime Angélus interdisait d’aimer la Conseillante.
Internet a le défaut de simplifier, raccourcir les avis, mais ne doit pas empêcher d’accepter l’autre avec ses différences. Le Bordeaux que l’on a dit si difficile à intégrer, a été capable d’accepter beaucoup d’émigrés : espagnols, anglais, voire corréziens ou ariégeois ou même pieds-noirs comme moi.
Alors, pourquoi vouloir réduire le vin a un seul et même goût et à une seule élite ?
Et viva la libertad !