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Jean Luc Thunevin

  • : Jean-Luc Thunevin
  • : Bienvenue sur le Blog de Jean-Luc Thunevin, propriétaire de Château Valandraud.
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12 janvier 2006 4 12 /01 /janvier /2006 12:21

Lundi je suis allé à Blaye goûter et donner mon avis de négociant à un viticulteur de Saint Ciers sur Gironde qui s’interrogeait sur son vin et la difficulté à le vendre. Celui-ci avait refusé une offre à 1000 euro le tonneau pour son 2004, et aujourd’hui, malgré les bonnes résilutions syndicales, le même courtier , intermédiaire entre le viticulteur vendeur et le négociant acheteur, ne lui proposerai  même pas 800 euro ! Ce viticulteur exploite seul 12 hectares, je suppose que son père à la retraite lui donne un coup de main. Vignes en bon état, terroir correct à première vue, densité correcte pour le secteur (2x1), à priori pas de problèmes de qualité de raisin. Visite du chai, propre, bien sûr ça ne sent pas la richesse des crus classés, mais cuves correctes, remontages automatiques, thermorégulation… bon, le problème n’est pas ici non plus. Discussion et dégustation pour la seconde fois de ses vins. J’avais déjà eu des échantillons par son beau-père avec qui j’ai des rapports amicaux. Nous les avions goûté, Murielle et moi (oui, vous savez que je fais toujours tout goûter à Murielle, qui déguste mieux que moi, surtout pour déceler les défauts), et ces échantillons nous avaient paru effroyables.

Donc dégustation sur place de chacun des lots, cuve séparée et là, une partie du problème s’est résolu. Sur 5 cuves, 4 étaient bonnes et 1 mauvaise.

Pourquoi une mauvaise ? Je n’ai pas trop compris, une fois un lot de cabernet, la deuxième fois une cuve epoxy ?

Bon, en tout cas, les bons lots assemblés et re-goûtés chez moi font apparaître en 2004 un vin un peu usé, peut–être brett ou odeur de réduit, mais bon quand même et en tout cas marchand. Le lot de 2005 était lui fruité, donc plutôt moyen +.

Alors pourquoi ?

Une partie de l’explication m’a été donnée par le viticulteur : pas de dégustation d’assemblage avec l’œnologue conseil avant présentation aux clients. C’est comme si vous vouliez passer un examen sans réviser, c’est quand même incroyable de mettre en péril son exploitation sans que des consultants extérieurs ne soient sollicités ( le courtier qui ne fait pas son travail de conseil, si ce n’est de dire qu’il faut vendre moins cher… sic ! – l’œnologue qui trouve bon une cuve de cabernet qui me paraît pour le moins horrible, amère, sans fruit, certes structurée, mais pourquoi faire ?? )

En discutant plus avant, j’apprends que l’oenologue fait écouler les vins dès que la fermentation est finie. Le nouveau credo à Bordeaux, le fruit est  peut être mal compris.

 

 

Morale : on dit que tous les vins se ressemblent  avec la technique. Eh bien non, heureusement pour les « idéalistes du vrai vin », il y a des œnologues  incompétents ou peu concernés, des propriétaires peu ou pas assez « ambitieux », des négociants trop bien élevés qui ne disent pas ce qu’ils pensent, des courtiers trop porteur d’échantillons et vendeurs de prix. Heureusement à Bordeaux, cela ne représente que 20 à 30 % .

 

 

Et je suis passé au Centre Leclerc , tous nos vins y sont présentés ! De Constance à Présidial, de Virginie à quelques marques achetées et revendues par mon négoce. Ce Leclerc mettait bien sûr en avant les vins de Blaye vendus entre 3.5 et 10 euro. Ma seule interrogation : mais comment font les clients pour faire leur choix parmi toutes ces références ??? Bon Dieu !

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commentaires

D
Les clients font évidemment leur choix au hasard...une "médaille d'or" par-ci, un "élevé-en-fûts-de-chêne" par-lâ...on peut entendre : "une fois j'ai gouté un blaye, il était très bon. Maintenant je n'achète que ça, de peur de me tromper..."<br /> Tant que la grande distribution n'aura pas compris qu'un conseil en vin dans leur rayon est indispensable à sa clientèle, les cavistes auront de beau jour devant eux. Et c'est tant mieux.<br /> Et tant pis par contre pour les clients.<br /> Naturellement, les volumes de ventes de la GD sont indéniables; tellement important actuellement sur le marché.La jolie étiquette, le flacon original fera ressortir le produit du rayon. Qu'en est-il de la qualité ? On s'en fiche pas mal, il faut bien le reconnaitre. L'acheteur de GD fera ce qu'il peut pour bien sélectionner les vins, certes, mais ce n'est pas lui le prescripteur de l'achat final.<br /> Le marketing a de beau jour devant lui.
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