A Paris, le salon de la RVF a été particulièrement réussi et il y a eu beaucoup de monde. Les salons attirent de plus en plus d’amateurs, jeunes, garçons et filles, professionnels et particuliers, et même journalistes travaillant pour des médias concurrents !
Seul « bémol » : l’obsession de toute l’équipe de la RVF concernant l’alcool et les vins puissants. A croire que la loi Evin a transformé tous les journalistes en anti - vins riches, à moins que cela soit l’idée qu’ils se font du goût Parker, voire sans doute Bettane et Desseauve et l’envie de faire le contraire ?
Ici ou là dans les médias français, et pas qu’à la RVF, je vois cette vague anti alcool dans le vin, sans prendre la précaution d’au moins parler d’équilibre ou même tout simplement de permettre à d’autres points de vues de s’exprimer. Cela devient du journalisme engagé et cela me navre. Pour moi, bien sûr, et mon goût pour les vins riches, cela me désole pour les vins de mes amis d’ici à Bordeaux ou du Roussillon et cela me rappelle cette histoire d’un humoriste depuis longtemps disparu, Fernand Raynaud, et son sketch La Bougie.
J’explique, pour les plus jeunes : dans une famille où tous ont la bouche de travers, impossible d’éteindre une bougie en soufflant, l’air part à côté, enfin quelqu’un y arrive mais il n’est pas normal (par rapport à cette famille) car il n’a pas la bouche de travers.
Je pense aussi à cette histoire vécue par Hervé Bizeul et moi avec nos amis distributeurs canadiens : en l’occurrence, l’acheteuse trouvait que quelques vins sentaient la mouffette.
La mouffette doit sentir mauvais au Canada (c’est une espèce de putois) pour être l’image utilisée par cette charmante québecoise pour définir les odeurs de brett : odeur tenant du réduit, du mercaptan, du caca bien odorant, ou comme dirait aussi un ami amateur de cheval, à la sueur d’un cheval malade !
Donc, en tout cas, nos amis journalistes finissent par aimer les défauts évidents pour tous ceux qui ont fait le DUAD avec le professeur Dubourdieu , pour tous les oenologues qui, compétents, essayent de faire des vins « propres », et ils aiment ces vins à défauts (à mon avis) avec conviction, car c’est le contraire de ces vins qui sentent le bois neuf, le fruit mûr, le raisin. Y a-t-il un nouveau goût pour la scatologie ? Je ne sais pas.
En tout cas, à plus de 13°, c’est ramassé trop tard en surmaturité, le goût d’aujourd’hui, c’est du brett, du végétal, du minéral acide, de la transparence…Halte aux vins trop noirs !
Le nouveau Ku Klux Klan du vin n’aime pas ces couleurs sombres ! Ni la bonne barrique neuve, ni les vins qui n’ont pas un peu de perlant sur la langue. Après la nouvelle cuisine et ses excès, les nouveaux vins nature, ça c’est sûr il faut de tout pour faire un monde, après avoir longtemps négligé ce type de vins, il était temps de les remettre au goût du jour… Je m’en vais de ce pas demander à mes collaborateurs de faire une petite cuvée à offrir à ces amateurs pour montrer notre savoir faire, je devrai dire notre savoir pas faire.