Sur le site d’Hervé Bizeul, j’ai lu les propos un peu amers d’un nouveau viticulteur qui, malgré la réussite de son vin en 2005, a du mal à le vendre à 5.50 euro si j’ai bien compris.
5.50 euro, c’est 36 francs HT, c’est le prix de vente d’un Saint Emilion Grand Cru dont le prix à l’hectare se situe encore aujourd’hui à 500 000 euros.
5.50 euro, c’est le prix de Villa Mongiron + 30 %
5.50 euro, cela fait environ 11 euro TTC en magasin, au bout de la chaine.
Le prix n’est qu’une des composantes d’un produit , la qualité n’est que le strict nécessaire, le prix qui doit être justifié par un travail commercial, une notoriété, le temps passé à vendre au négoce est plus rapide que celui qui recherche la vente directe aux particuliers, mais dans ce cas, qui paye le temps consacré ? Par qui est fait la vente si le propriétaire est dans ses vignes ?
La viticulture n’est pas facile, sinon ça se saurait. Les riches fortunes qui veulent acheter un premier cru, un grand château, ne sont pas obligatoirement imbéciles : la marque établie offre vraiment une survaleur à un vignoble. C’est pas nouveau, à l’époque de Rome, des crus étaient déjà célèbres. Jacques Luxey, que je cite souvent car il a été mon « mentor », me disait il y a déjà plus de 20 ans : « Jean Luc, on en vend pas un produit, on vend une différence » et il utilisait souvent cette expression : "savoir faire – faire savoir". Il ne faut jamais être amer, c’est dur et alors ? qui va te plaindre, toi qui fait le travail que tu as choisi, qui fait le vin que tu aimes. Certains en bavent toute une vie sans avoir jamais vécu ta première dégustation de ton premier vin.
Fin de la campagne primeurs 2005.
Nous en sommes aux rachats et reventes, donc juste sur les crus ayant aujourd’hui un prix de revente supérieur au prix de revente 1ère tranche « conseillé » par la propriété.
En fait, très peu de vins concernés, peut-être moins de 30 marques, je pense. Ce qui est peu si l’on pense que cette année plus de 500 marques ont été vendues en primeur.
Robert Parker dit que les prix sont fous, ridicules et nos clients disent la même chose, pourtant les vins les plus faciles à vendre cette année pour moi auront été les plus chers. Et c’est dommage que je n’ai plus à vendre d’Ausone, Cheval Blanc, Mouton Rothschild, Angelus, Troplong Mondot, Gracia, Croix de Labrie, Conseillante, Ducru Beaucaillou…
Suite à un effet induit, on pourrait appeler ça les bénéfices collatéraux, les 2004 et tous les stocks disponibles ont l’air pas chers et trouvent preneur. Rien qu’hier nous avons vendu quasiment tous nos stocks de crus connus chers.
Dire que 2006 s’annonce ce qualité et que déjà à Bordeaux nous sommes inquiets (et c’est rien de le dire …)